Version corrigée 26 juin 2020.
Rapport de la Convention citoyenne pour le climat à l’issue de son adoption formelle dimanche 21 juin 2020.

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https://propositions.conventioncitoyennepourleclimat.fr/pdf/ccc-rapport-final.pdf?fbclid=IwAR1yNo-TCOzTMkMAGPaR0aMq8g7US_RO-dt7wxCA2R3bwnJTUj6ut5zILMk

INTRODUCTION

8 Les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat
Qui nous sommes ?
Citoyennes et citoyens libres, indépendants de tout parti ou influence, représentatifs de la
société : nous sommes 150 femmes et hommes âgés de 16 à 80 ans, de toutes origines et
professions.
Nous avons été sélectionnés par tirage au sort selon une génération aléatoire de numéros
de téléphone, sans nous être portés volontaires préalablement, pour être membres de
la Convention Citoyenne pour le Climat afin que nous formions une image de la société
française capable de vous représenter. Nous ne sommes pas des experts, nous sommes
des citoyennes et citoyens comme les autres, représentatifs de la diversité de la société.
Nous avons le pouvoir de décider et de faire changer les choses, pouvoir que nous avons
exercé avec une attention particulière pour les plus fragiles et ce dans un esprit de justice
sociale.
Notre expérience de la Convention Citoyenne
La Convention Citoyenne pour le Climat est la première expérience démocratique d’ampleur
faisant appel au tirage au sort – et donc reconnaissant la capacité de citoyennes et citoyens
ni spécialistes, ni militants de s’exprimer sur un sujet d’avenir majeur.
Nous avons vécu ensemble, pendant 9 mois, une expérience humaine inédite et intense, qui
nous a amenés à prendre conscience de l’impérieuse nécessité d’un changement profond
de l’organisation de notre société et de nos façons de vivre.
Pour répondre à la question qui nous été posée, « Comment réduire d’au moins 40 % par
rapport à 1990 les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, dans le respect de la justice
sociale ? », nous avons échangé librement dans la pluralité de nos opinions. Nous nous
sommes nourris d’échanges avec des experts et des représentants économiques, associatifs
et publics, afin d’être en capacité de rédiger des mesures concrètes, en connaissance de
cause et en toute indépendance.
Nous avons appris à être plus attentifs et plus tolérants aux avis de chacun dans le respect
de notre diversité. Se mettre d’accord a parfois été compliqué du fait de nos différences
d’opinions, de modes de vie, de culture, d’origine sociale. Cette convention a donc été
une leçon de vie démocratique et participative. Nous avons travaillé intensément, avec
conviction, envie et un sentiment d’urgence face au climat pour parvenir à des propositions
communes.
En dehors des sessions de travail qui nous ont réunis, beaucoup d’entre nous se sont fortement
investis dans leur territoire pour partager notre mission, notre prise de conscience et nos
ambitions. Nous avons souhaité le faire car c’est à nous de faire vivre et protéger l’endroit où
nous vivons. Nous avons ainsi écouté nos amis, voisins, concitoyens, d’associations, des élus
et des institutions locales et nationales. Ces rencontres nous ont permis de recueillir toute
l’expérience et tous les ressentis de nos interlocuteurs, et ainsi confronter nos réflexions
collectives à la réalité quotidienne mais aussi aux enjeux économiques, géographiques,
politiques et sociaux de chaque territoire.
La mixité qui nous caractérise ainsi que les échanges lors des sessions, et toutes les
rencontres en dehors des sessions nous ont permis d’être plus justes et pertinents dans
notre travail.
Nos départements d’outre-mer n’ont pas été oubliés. Plusieurs citoyennes et citoyens
ultramarins, présents au sein de la Convention, ont eu à cœur de faire entendre leurs vécus
et leurs attentes. Cette préoccupation de ne pas raisonner uniquement en « métropolitains»
est partagée par les 150 membres qui entendent le sentiment très fort d’éloignement des
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décisions politiques prises à Paris et de faible reconnaissance de l’importance des territoires
ultramarins dans les choix publics. C’est pourquoi, les mesures proposées ont été revues
pour éviter tout effet pervers pour les territoires ultramarins. Nous considérons que les
territoires ultramarins peuvent être des laboratoires incroyables, en termes d’autonomie
énergétique, de nouvelles pratiques agricoles ou dans le bâtiment.
Ce que nous souhaitons dire à la société française
Ce que nous avons vécu est une véritable prise de conscience de l’urgence climatique : la
Terre peut vivre sans nous, mais nous ne pouvons pas vivre sans elle. À titre d’exemple, les
températures caniculaires supérieures à 50°C à l’ombre, qui vont devenir plus fréquentes,
seront mortelles dans certaines régions du monde où l’air saturé en humidité interdit toute
évaporation de la sueur. Ouvrons donc les yeux et bougeons-nous !
Nous ne sommes pas uniquement devant le choix d’une politique économique pour faire
face à une crise économique, sociale et environnementale, nous devons agir sans plus
attendre pour stopper le réchauffement et le dérèglement climatique qui menacent la
survie de l’humanité. Si nous ne rattrapons pas le retard pris, beaucoup de régions du globe
deviendront inhabitables, du fait de la montée des eaux ou de climats trop arides. C’est une
question de vie ou de mort !
Nous ne sommes pas en compétition avec les élus ou les autres acteurs de la société
française : nous devons tous changer nos comportements en profondeur pour laisser à nos
enfants et petits-enfants une planète viable. Il faut agir plus vite et plus fort que ce qui a été
fait jusque-là, même si des initiatives superbes ont déjà été mises en œuvre, notamment par
les collectivités territoriales et les associations. Les efforts ne pourront pas venir uniquement
des autres. Citoyens, pouvoirs publics, acteurs économiques, ONG, il est nécessaire que
nous soyons tous solidaires face à l’urgence climatique, en faisant de la justice sociale un
des moteurs de la réflexion.
Nous attendons du gouvernement et des pouvoirs publics une prise en compte immédiate
de nos propositions permettant une accélération de la transition écologique, notamment
dans la stratégie de sortie de crise, en faisant du climat la priorité des politiques publiques,
en évaluant les résultats et en sanctionnant les écarts. Le 21ème siècle peut être le nouveau
siècle des Lumières par une posture politique ambitieuse, vertueuse et démocratique ! Cela
va exiger de considérer l’enjeu écologique comme un enjeu économique (au sens classique
et restrictif du PIB), et veiller à ne laisser aucun citoyen de côté, notamment les plus pauvres.
Nous invitons les acteurs économiques à mener une action plus volontariste en faveur de
la transition écologique, en faisant de cette problématique une opportunité pour repenser
en profondeur nos modes de production et de consommation, et favoriser une meilleure
distribution des richesses. L’urgence climatique nous impose des décisions difficiles mais
indispensables : soyons inventifs.
Nous demandons aux entreprises françaises qui ont des filiales à l’étranger d’être des
acteurs de la transition environnementale notamment dans les territoires où les effets du
dérèglement climatique sont dramatiques.
Transition
Il apparaît inévitable de revoir nos modes de vie, nos manières de consommer, de produire
et travailler, de nous déplacer, de nous loger et de nous nourrir afin de réduire de 40 % les
émissions de GES d’ici 2030. En 2019, l’empreinte carbone moyenne d’un Français est de
11,2 tonnes d’équivalent CO2
alors qu’elle devrait être de 2 tonnes par an pour atteindre les
objectifs de l’Accord de Paris.